Grâce à l’union et à la fidélité des enfants de Saint-Tropez, la Bravade a traversé les siècles, dans la beauté et la ferveur. 

Au cœur de la procession matinale du 17 mai, ils avancent en rangs serrés la tête haute dans les rues de Saint-Tropez où ils ont fait leurs premiers pas et grandissent chaque jour dans le cadre d’un environnement préservé. Petits marins vêtus du pantalon à pont, de la vareuse et coiffés du « Bachi » le fameux béret au pompon rouge. Fiers mousquetaires, uniforme rouge et bleu et bicorne, ils perpétuent leur dévotion à leur saint patron aux côtés de leur père, de leur grand-père, de leurs oncles et de leurs cousins. La Bravade – la fête religieuse et militaire de Saint-Tropez- est une affaire de famille, un honneur et un privilège réservé exclusivement aux enfants de Saint-Tropez, comprenez bien aux tropéziens de souche comme le rappelle chaque année avec rigueur le Cepoun Serge Astezan : « La Priorité est donnée aux enfants et petits-enfants de bravadeurs. Puis aux petits tropéziens, âgés entre 4 et 13 ans ». Les enfants ont toujours participé à la Bravade explique le chef des traditions tropéziennes, à l’origine ils portaient les armes et les munitions des bravadeurs avant qu’ils ne défilent en habits aux côtés de leurs aînés à partir du 20 ème siècle. Une petite dizaine d’entre eux : l’Enseigne, son Major, le petit Mousquetaire, les quatre porte-drapeaux, les quatre cantinières et le petit Tambour Major jouent même un rôle de premier plan.

Les enfants de l’Etat-Major

Sur les cent cinquante enfants qui défilent dans le cortège certains occupent une place privilégiée. A l’image de L’Enseigne et du Major de l’Enseigne choisis par le Capitaine de ville ou le Cepoun pour composer l’Etat-Major et mener les Bravades de l’année : « nous nommons  souvent un fils, un neveu ou un frère de bravadeur comme Major et un petit-fils comme Enseigne ou Major de l’Enseigne » Leur rôle de ces deux garçons est si déterminant qu’ils suivent d’ailleurs une préparation spécifique, une sorte de grande répétition générale tous les samedi après-midi à la citadelle pendant les trois mois qui précèdent l’évènement» explique le Cepoun. Le 16 mai, devant l’hôtel de ville, le maire remet symboliquement le drapeau de Saint-Tropez à l’Enseigne qui le fait virevolter devant les autorités et la foule réunie, « un moment particulièrement émouvant » confie Serge Astezan. Pendant deux jours ces hommes et ces enfants sont en quelque sorte les protecteurs de la cité.

Le petit mousquetaire

Ce fils et petit-fils de bravadeurs, âgé de six ans à peine, orchestre un autre moment clé de la « Grande Bravade du 17 mai ». Avec le plus grand sérieux, entre les saluts du Capitaine de ville et de l’Enseigne, dans le silence  recueilli de la place de la mairie, il dépose minutieusement une écharpe rouge autour du buste de Saint-Tropez, «elle symbolise les souffrances du chevalier Torpes, un de nos premiers martyrs chrétiens» rappelle le mainteneur des traditions tropéziennes. Quelquefois ce petit garçon à l’honneur de cumuler sa fonction avec celle de « Petit Capitaine de Ville », « ce titre sans symbolique historique fait son apparition dans les années 1950 sous l’impulsion du premier Cepoun de Saint-Tropez Monsieur Sanmartin » poursuit-il. Vêtu comme le Capitaine de ville – pantalon blanc, veste noire et bicorne – il emboîte le pas de l’Etat-Major, « C’est certainement l’enfant le plus photographié de tous » note Serge Astezan.

Les porte-drapeaux et les cantinières

Ces huit enfants occupent une place importante dans les rangs du corps de Bravade. Deux porte-drapeaux encadrent fièrement la compagnie des marins, un autre celle des mousquetaires et un dernier celle des garde-saints. Quatre demoiselles d’une dizaine d’années ont le privilège de participer au cortège. Il s’agit des petites cantinières – « réminiscence des femmes de service des régiments ». Ces demoiselles âgées d’une dizaine d’années, filles et petites filles de bravadeurs elles aussi, honorent les rangs de chaque compagnie portant la jupe plissée et le couvre-chef  avec fierté et douceur.

Le petit tambour major

Dans les rangs des membres des fifres et tambours, il accompagne en musique les phases clé de la bravade – remise et réédition de la pique et du drapeau, bénédiction des armes, saluts… aux côtés de son aîné le tambour major. Il est souvent un fils ou un petit fils d’un membre de la clique. Le 18 mai, les enfants défilent dans la plus grande joie en direction de la chapelle Sainte-Anne, ce jour de printemps est un des préférés des petits tropéziens qui sont exceptionnellement dispensés d’école et retrouvent tous leurs amis pour partager un grand pique-nique avec vue sublime sur la baie et des heures de jeux sous les pins et les chênes lièges. Autant de jolis moments d’insouciance qui resteront à jamais gravés dans leur mémoire et dans celle de leur famille.   Dans le chant « La marseillaise des bravadeurs » le dernier couplet résume bien le lien qui fédère les pères et leurs fils explique Roger Etienne Capitaine de ville en 2011  : « Salut tradition sacrée, monument de notre grandeur, toujours à votre ombre adorée nous marcherons avec honneur, et quand la mort viendra prendre nos membres tremblants et vieillis, nous vous laisserons nos enfants, pour vous chérir et pour vous défendre ».

 

The little angels of La Bravade

Thanks to the support and loyalty of the children of Saint-Tropez, the La Bravade festival has continued to uphold its values of beauty and passion for centuries.

As part of the morning procession on 17 May, the children hold their heads high as they walk in close ranks through the streets of Saint-Tropez. Whether as little sailors or proud musketeers, they continue to show their devotion to their patron saint, accompanied by their fathers, grandfathers, uncles and cousins. The religious and military festival of La Bravade in Saint-Tropez is a family event defined by honour, and reserved exclusively for children born and raised in the village. The priority is given to children and grandchildren of the marching bravadeurs, then to the other children of Saint-Tropez between the ages of 4 and 13. Around a dozen children play essential roles in the cortege: the Ensign, his Major, the little Musketeer, the four Flag-Bearers, the four Cantinières and the little Drummer Boy.

The children of the Etat-Major

The Ensign and his Major are chosen by the Captain of Saint-Tropez, known as the Cépoun (the guardian of Saint-Tropez traditions) to form the Etat-Major group to lead the annual march. On 16 May, in front of the town hall, the mayor symbolically hands the Saint-Tropez flag to the Ensign, who waves it triumphantly before the local officials and crowds of people. In a way, these children are the protectors of the village for two days of celebrations.

The little musketeer

This son and grandson of local bravadeurs, no more than six years old, participates in another key event in the “Grande Bravade” on 17 May. In a solemn atmosphere, approved by salutes from the Captain of the Town and the Ensign, and in the respectful silence of the town square, the little musketeer carefully places a red scarf around the bust of Saint-Tropez. This sculpture symbolises the suffering of Chevalier Torpes, one of our first Christian martyrs. Sometimes this small boy has the privilege of combining his original role with that of “Little Captain of the Town.” Dressed like the Captain of the Town – white trousers, black jacket and bicorn hat – he marches behind the Etat-Major group, and is probably the most photographed child of them all! 

The flag-bearers and the cantinières

Two flag-bearers proudly flank the group of Sailors, while the remaining two accompany the Musketeers and the Guardians of the Saints. Four young girls around ten years old also have the honour of taking part in the march. These are the little cantinières, who pay homage to the women who served the military regiments of the past.

The little drummer boy

In the ranks of fife-players and drummers, the little drummer boy provides music for the key moments of La Bravade, alongside his older superior. This role is often given to a son or grandson of a member of the group. On 18 May, the children march joyfully towards the Chapel of Saint-Anne. This is one of the favourite days of spring for Saint-Tropez children. For the occasion, they are allowed to leave school for the day and meet their friends to enjoy a picnic overlooking the bay and play games for hours under the pine and cork oak trees. Endless, beautiful moments of carefree delight that remain etched in the memories of both the children and their families.