Exposition photographique et sculpture hommage, jamais les initiales BB n’auront autant clignoté dans son village chéri – et parfois honni – devenue terre d’élection. A jamais loin des plateaux de cinéma, mais au plus proche du combat qui, à bientôt 83 ans, ne cesse d’animalement l’animer pour qu’enfin ses vœux soient exaucés.
AU NATUREL DANS LE VILLAGE
En cet été 2017 Brigitte Bardot retrouve le chemin des venelles tropéziennes, des quais flamboyants, du sable chaud de Pampelonne et même des boîtes de nuit. Sans être une complète chimère, cette créature-là n’est bien entendu qu’une image plaquée sur papier. Celui, photographique, de l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 15 janvier 2018 au Musée de la Gendarmerie et du Cinéma sur la thématique « BB à Saint-Tropez ». Un travail documentaire minutieux a permis de mettre la main sur une sélection de clichés souvent méconnus du grand public qui peut ainsi s’immiscer dans le quotidien de celle qui tourna le dos au 7e art dès 1973. Sans idée de retour sur pellicule ni davantage ces temps-ci dans les rues tropéziennes qu’elle arpenta tant durant trois décennies. Quasi invisible en 2017, Brigitte destine la majeure partie de son temps à sa Fondation avec qui elle est en contact permanent pour gérer les dossiers sensibles et écrire aux grands de ce monde que, de ses deux demeures locales Madrague et Garrigue, elle à l’art d’interpeller vertement au sujet de la condition animale partout malmenée.
PARI ANATOMIQUE
Invisible en chair et en nerfs, l’icône internationale sera bel et bien présente en bronze et glamour dès cette année. L’inauguration d’une statue la représentant est bientôt programmée à l’entrée de Saint-Tropez. Soit une première historique de voir une personnalité immortalisée de son vivant dans le village où gravite la planète entière. «C’est un extraordinaire pari anatomique qu’est en passe de réaliser Milo Manara, allié aux artisans de Pietrasanta. C’est la première fois depuis Aslan et son buste de Marianne que Brigitte Bardot autorise un artiste à travailler son image. La rencontre au sommet que j’avais tant rêvée entre ces deux monstres sacrés a donné naissance au meilleur : une sculpture fidèle de B.B. pour l’éternité», s’enthousiasme Alexandre Millon, commissaire-priseur et financeur du projet.
TÉTANISANTE VÉNUS DE MILO
Un défi qui a de quoi tétaniser son artisan principal. Aussi célèbre soit-il, le maître de l’érotisme, Milo Manara, ne cache être angoissé à l’idée de voir l’un de ses dessins incarner aux yeux du monde l’inoxydable mythe révélé par Vadim… « Pour tout dire, je ne signerai pas la statue si j’estime qu’elle n’est pas fidèle à mon aquarelle, elle-même inspirée d’une célèbre photo de Ghislain Dussart. J’avais déjà dessinée Brigitte Bardot dans les années 80, mais lorsque je revois aujourd’hui ces travaux, on ne peut pas dire que j’en suis trop fier… Elle est très difficile à croquer. Elle possède une beauté très originale. Mes premiers essais à l’aquarelle n’étaient pas ressemblants. Pour trouver le vrai esprit Bardot , j’ai été obligé de recommencer plusieurs fois certaines peintures », confie le maestro italien au sujet de celle qu’il vénère comme une « œuvre d’art » vivante au point d’en avoir fait la matrice originelle de toutes les créatures qu’il a dessinées…
FONDRE VERS PIETRASANTA
C’est à la fonderie artistique Mariani de Pietrasanta que revient la lourde responsabilité de faire fusionner créativité artistique et réalité 3D qui, une fois exposée, sera livrée à tous les commentaires. Avec plus de 400 artistes référencés, parmi lesquels Mitoraj ou Botero, dont les sculptures monumentales parsèment les ateliers, le maître des lieux n’a pas le trac. « J’ai connu Botero quand j’ai débuté en 1974. 90 % de ses sculptures sont faites ici à Pietrasanta », se flatte Adolfo Agolini qui en a vu d’autres. Puisqu’il est hors de question pour Brigitte d’aller se mirer dans son double statufié, c’est son mari, Bernard d’Ormale, qui a pris la tête de l’expédition italienne en mars dernier pour vérifier que la silhouette de glaise modelée par Roberta Castellari alliée à Manara, ne trahit pas l’iconique beauté. Sur son socle aux vagues stylisées, cette BB dénudée et lovée prend des allures de Vénus de Milo dans son coquillage hommage à Boticelli.
INATTENDU CADEAU D’ANNIVERSAIRE
Après quelques « frappes chirurgicales » visant les lèvres, le nez, le regard, la chevelure, le dos et… la poitrine de la belle endormie, l’avis sera favorable. « De toute façon, il ne faut pas chercher le mimétisme absolu », tranche Bernard d’Ormale, porteur du projet depuis son origine. Hélas, prête ou pas, l’œuvre ne sera finalement pas dévoilée en ce début juillet comme prévu, mais le 28 septembre 2017. Une date bien évidemment éminemment symbolique puisqu’elle correspond à l’anniversaire de BB, qui fêtera alors ses 83 printemps. « Cette date s’impose naturellement et en plus ce cadeau fera plaisir à Brigitte », commente Bernard d’Ormale. Autre raison, des finitions plus longues que prévues à Pietrasanta. Cet été, la fonte du bronze « à cire perdue », constituera l’ultime étape avant le dévoilement à l’entrée du village de la sculpture qui culminera à 2,5 mètres pour 600 kilos en état de grâce. BB : « C’EST FORMIDABLE, MAIS… » Seule appréciation de Brigitte confiée pour l’instant à nos confrères de Var matin : « C’est formidable, le dessin est formidable, mais je n’ai rien demandé. Moi, à la place de la sculpture, je voudrais tellement d’autres choses… Vous comprenez. Oui, c’est un bel hommage, mais je suis très malheureuse en ce moment… ». En vérité, juste lasse de ne pas voir aboutir ses luttes pour lesquelles elle ferraille depuis des décennies face à des gouvernements aussi immobiles qu’une… statue.
Brigitte Bardot will be returning to Saint-Tropez this summer to rediscover the little streets, the flamboyant quays, the hot sand of Pampelonne beach, and even the nightclubs! But those on the look-out for the French beauty should be warned – Bardot’s presence will actually be more photographic than physical… The BB à Saint-Tropez exhibition is hosted at the Musée de la Gendarmerie et du Cinéma until 15 January 2018, giving visitors a chance to experience the day-to-day life of the actress who left the world of cinema in 1973. And if that were not enough, a statue depicting the iconic star will soon be unveiled at the entrance to Saint-Tropez. This is a first in the history of the internationally renowned village – seeing a figure immortalised during their lifetime. Despite his fame, the Italian artist and master of eroticism, Milo Manara, admits being nervous about showing the world a representation of the legendary woman revealed by Roger Vadim. The artistic foundry Mariani de Pietrasanta will be taking on the intimidating responsibility of blending creativity and 3D reality, the result of which be at the mercy of every critic after it is finished. As it is out of the question for Bardot to contemplate her own frozen reflection, her husband Bernard d’Ormale has headed up the Italian endeavour since March to ensure the statue’s forms are an accurate portrayal of the gorgeous icon. After a number of “surgical corrections” to the sleeping beauty’s lips, nose, gaze, hair, back and… chest, the consensus should be positive and the artwork complete. Unfortunately, despite almost being ready, the sculpture will not be unveiled in early July as planned, but on 28 September 2017 to cater for any delays or problems. This date is of course symbolic as it is also a special day for Bardot, who will be celebrating her 83rd birthday. The renowned actress has only spoken once about the project, saying: “It’s incredible, the design is incredible, but I didn’t ask for any of it. I would like so many other things instead of a sculpture. I hope you understand. Of course, it’s a beautiful homage, but I am so unhappy at the moment…” In truth, the French star is tired of seeing paltry results in her decades-long fight for animal rights against governments who seem as unmoving as… statues.